jeudi 29 mars 2007

International : Mnibet

Deux avancées sociales -trés- limitées au lointain et montagneux Royaume du Mnibet

Tandis qu'à l'assemblée les résultats du vote pour le Traité de Reconnaissance entre le Saint-Empire d'Edoran et le Royaume du Mnibet semblent avoir été oubliés dans un tiroir poussiéreux depuis trois semaines, le Mnibet nous fait voir que l'on peut être une monarchie absolue, féodale, quasi-médiévale, où le pouvoir spirituel se confond parfois avec le temporel, sans pour autant oublier le social pourtant. En effet, Sa Majesté l'Outamaraya, voulant dire "Roi Suprême" en Mnibétain, Dorje Dorsel III le souverain de ce petit pays a fait paraître deux décrets ce mardi 28 mars 1907. Equivalents à des lois étant donné l'immense pouvoir du monarque, ces décrets ne sont pas de réelles révolutions, mais on pourrait presque y voir comme la volonté de faire le bonheur, partiel, de son peuple. Ou au moins d'une partie.

Ces décrets font suite à une réunion d'une institution nommée "Tsongdu", l'équivalent d'une assemblée nationale trés restreinte où palabrent des nobles choisis par le Roi pour l'aider à légiférer et où les seuls termes de "vote" et de "démocratie" est inconnu voir grossier, comme dans le reste du pays d'ailleurs. D'aprés nos sources, si le Souverain aime écouter ses humbles vassaux arrivistes, il n'aime pas que l'on essaie trop longtemps de le faire changer d'avis. On en a empalé pour moins que ça. Le souverain décide donc de lui-même des lois, et de la politique du pays, n'ayant de compte à rendre à personne, et ses Conseillers (équivalents de ministres) s'occupent de leur application à la place de Sa Majesté. Quel beau pays vu comme ça...

Le premier décret stipule que le droit de manifester est acquis, non pas au peuple entier, mais uniquement aux ecclésiastiques, aux religieux du Temple Bouddhinste si ceux-ci reçoivent l'accord du "Grand Maître" de leur Canton (le Royaume en possède quatre, dont trois sous l'autorité directe d'un vassal du Roi, le quatrième sous celle de ce dernier), c'est-à-dire la plus haute autorité religieuse de ce Canton. Il est également inscrit que l'Etat devra être informé, par le biais d'un Conseiller, ainsi que la Maison Cantonale (signifiant la noblesse, ou "famille", d'un Canton). Ainsi donc le droit de manifester et son encadrement semble être accordé uniquement au Clergé sans que l'Etat n'ait le moindre droit de regard, bien qu'il puisse envoyé ses soldats pour veiller au grain. Mais ça n'est pas mentionné, pas si bête. Voilà qui est bien étrange pour nous. Mais pour bien saisir il faut savoir que, depuis des temps immémoriaux, les religieux ont pris l'habitude de protester "pacifiquement" (comprendre s'assoir en masse par terre sans bouger, et non pas défiler dans la rue avec des pancartes). Cela a pu d'ailleurs être remarqué à plusieurs reprises en Russlavie, ainsi qu'en Dastornia où ils furent violemment réprimés pour avoir soutenu des ouvriers grévistes. Ainsi donc, le Roi accorde un droit qu'ils avaient déjà pris... Bon, au moins la chose est claire. Les grands oubliés du décret semblent être le peuple, la populace, la masse travailleuse, bref, le Tiers-Etat, qui lui n'a pas reçu ce droit. Mais, ça, Sa Majesté ne s'en soucis guère. Espérons pour eux que les religieux useront de leur droit pour devenir leur porte-parole, ce qui pourrait être probable, mais l'avenir seul nous le dira.

Le second décret, quant à lui, se rapprocherait presque, mais de loin tout de même, du syndicalisme. Dans ce pays dénué d'usine, ayant une tout autre notion de l'entreprise et du patronat et où la production est artisanale, est née l'organisme nommé "Conseil des métiers", en fait plusieurs regroupés sous la même dénomination. Il a pour objectif de faire un lien entre les artisans et le pouvoir, afin que ces premiers fassent part à l'Etat, dans un rapport, de l'état général de leur corps de métier (par exemple l'ébénisterie, la maçonnerie, la poterie, l'agriculture de millet...). Un Conseil est composé de dix membres, des artisans ayant "brillamment réussi", et choisis par un "Magistrat impartial" : un membre du Clergé choisi par l'Etat. Ainsi au Mnibet, les religieux sont dignes de confiance (quel dépaysement !) et l'Etat n'hésite pas à leur accorder du pouvoir et des droits. Ces membres se réunissent tous les deux mois dans une capitale (la capitale nationale ou une capitale cantonale) et leur réunion devra être observée par un représentant de l'Etat. Au cas où. Leur rapport devrait ensuite être "pris en compte" par le gouvernement. Est-ce de bonne foi ou bien une manière de faire croire que le Roi est à l'écoute des travailleurs ? Enfin, des travailleurs... N'oublions pas que ceux qui ont un mot à dire sont choisis et peu nombreux, donc théoriquement peu représentatifs. Voilà une décision aux résultats limités.

Un droit de manifestation à une minorité, un micro-syndicalisme trés mitigé... Bref, un tout petit pas social dans un pays totalitaire.

Par : Le Panard Déchainé le 29 mars 1907

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